Saint Privat a
évangélisé les territoires de Gévaudan au III siècle et il subit le martyre au
temps des empereurs Valérien et Gallien, entre le 257 et le 260.
Privat de Mende
fait partie des grands saints des Gaules avec Denis de Paris, Saturnin de
Toulouse, Martial de Limoges, Martin de Tours, Ferréol de Vienne et Julien de
Brioude.
Grégoire de Tours
lui donne le nom de « épiscopus urbis gabalitanae », soit « évêque de la ville
de Gabalum». Il serait en effet le premier évêque du Gévaudan, bien qu'il y a
mémoire d’un certain Sévérien comme évêque de ce territoire. Le terme Gabalum
est l'autre nom de Anderitum (aujourd'hui Javols), alors capitale du Gévaudan, l'endroit
n'est qu'un bourg. L’évêque Privat aurait été envoyé par Saint Austremoine, premier évêque de Clermont et évangélisateur
de l'Auvergne, pour évangéliser le
Gévaudan. La place originaire de l'évêché semble être cependant Anderitum, et
non Mende. Il semble en effet possible que l'évêché, d'abord installé à Anderitum,
ait ensuite transité par Banassac (à l'époque de saint Frézal) après la
destruction de la capitale gabale, avant d'arriver à Mende. Le premier évêque à
signer comme évêque de Mende étant Étienne, au Xe siècle.
Au IIIe siècle,
la Gaule est envahie par les Alamans, conduits par leur chef Chrocus, à qui les
historiens attribuent de nombreux pillages, dont le temple de Mercure au Puy de
Dôme. Des historiens récents, étudiant
les diverses invasion barbares de la Gaule, aux IIIe, IVe et Ve siècles remettent
en question la date de la présence des Alamans en Gévaudan, et par conséquent
du martyre de Saint Privat. Toutefois,
le fait que le saint fut envoyé en mission par Saint Austremoine de Clairmont
semble confirmer qu’il a bien vécu au IIIe siècle de l’ère chrétienne. Quand
les Alamans arrivent en Pays Gabale, les habitants se réfugient dans la
forteresse de Gredone (Grèzes, nom
primitif de la ville de Mende) et résistent au siège deux années durant. Privat
lui est en prière, retiré dans une crypte du Mont Mimat. Les Alamans finissent
par trouver Privat et tentent de se servir de lui, comme otage, afin de
parvenir à faire ouvrir la forteresse. Depuis les grottes où il vivait en
ermite, il est tiré jusqu'au village de Mende, frappé, mutilé et fini à coups
de bâton . Grégoire de Tours souligne que Privat aurait refusé de livrer son
peuple malgré tous les supplices barbares qu'on lui faisait subir, «Le bon
pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de
sacrifier aux démons».
Exténués, les
Alamans auraient laissé libre les Gabales , se déplaçant plus au sud. Privat, succombera à cause de ses blessures
dans les jours qui suivent. Une légende populaire rapporte une autre version de
son martyr. Ainsi il aurait été enfermé dans un tonneau, des clous étant
pointés vers l'intérieur, et jeté dans la falaise, roulant de son ermitage
jusqu'au pied de la ville. Ce sont des ronces qui auraient arrêter sa chute. La
colline où le supplice aurait pris fin, au-dessus du quartier de la Vabre, se
dénomme la colline du bourreau, sans doute en rapport avec cet épisode.
Son acte de
résistance, refusant de livrer ses compatriotes n'en reste pas moins un fait.
Privat aurait été
enterré au lieu où pris fin son martyr par Saint Ilpide, lui aussi originaire
du Gévaudan qui serait mort martyr vers 257, au pied du mont Mimat. Au-dessus de son
tombeau fut fondée l'une des premières églises de la ville, sur ce même lieu, vers l’année 1360, le Pape
Urbain V fit ériger la basilique-cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende,
actuellement siège épiscopal du diocèse de Mende . Une chapelle avait été
auparavant dressée à la même place, au-dessus du tombeau du Saint. Le roi des
Francs Dagobert, serait venu en Gévaudan pour prendre le reliques de sainte
Énimie, princesse mérovingienne fille de Clotaire II, de saint Hilaire de Mende
et de Saint Privat. Il les aurait alors emmenées à Paris et déposées dans l'ancienne
abbaye royale de Saint-Denis. Les moines de Saint-Denis ayant obtenu de Charlemagne, en l'année 775, le territoire de
Salone, dans le diocèse de Metz, ils importèrent avec eux plusieurs reliques,
dont celles de Saint Privat. Deux
documents, l'un par Fulrad, abbé de Saint-Denis, l'autre par Charlemagne,
attestent ce transfert. L'église de
Salone est en effet sous le patronage de Saint Privat, comme c'est le cas de
plusieurs églises et villages de la Lorraine et de la Moselle. C'est un prêtre du Gévaudan, nommé Clockbert,
qui ramènera le corps de Saint Privat en son Pays. Les habitants de Mende ont
conservé ses reliques dans une crypte aménagée en dessous d’une chapelle, puis
cathédrale de Mende. Cachées dans une crypte, ces reliques disparaissent vers
1110, mais elles furent retrouvées par l'évêque Aldebert III du Tournel, vers
1170 qui les fit alors transférer dans la crypte de la cathédrale de Mende. Une grande partie de ses reliques ont disparu
par la suite pendant les guerres de religions et la mise à sac de la cathédrale
de Mende et encore pendant la Révolution française. Ce qui reste des reliques du Saint (tibia)
se trouvent actuellement dans la chapelle de l'ermitage et sont propriété du
diocèse de Mende. L’évêque Aldebert III
autorisa la vénération des reliques de saint Privat, des pèlerinages jusqu'à la
chapelle de l'ermitage ont commencé depuis lors jusqu'à nos jours.
Ces pèlerinages ont contribué à la prospérité de la ville, devenue dans le
temps capitale du Gévaudan. Vers 1315, l'évêque Guillaume Durand instaure une collégiale (collège
Saint-Privat-La Roche) à l’endroit de l’ermitage. Il sera incendié en 1562 durant les guerres de religion. La collégiale
sera rétablie en 1584, et les frères ermites auront pour tâche de veiller sur
les grottes ou vécut Saint Privat à partir de leur installation en 1673. Cet
ermitage sera détruit à nouveau pendant la révolution en 1793, avec la saisie
des biens du clergé. Une nouvelle
chapelle sera érigée en 1850
On associe bien
des miracles à l'intercession de Saint Privat, souvent invoqué pour protéger sa
ville de Mende. Dans les moment les plus
sombres de la ville on a la perception que Privat combat aux côtés des
habitants assaillis. Ainsi, au Xe siècle, Guy, comte d'Auvergne, assiège la
cité de Mende et entend la piller. Tout à coup il a la sensation que le saint
lui enfonce une épée dans le cœur, dans la panique, les assiégeants abandonnent
la ville. L'évêque Aldebert III du
Tournel a laissé un témoignage d’ au moins
treize miracles attribués au saint.
L’écrivain de nos temps Félix Buffière raconte d’un chevalier nommé
Gaucelme qui voulut s'approprier d’une
partie du domaine de l’évêché, dépouillant au passage les paysannes de leurs
biens. Mais le chevalier ayant par ces actes méprisé Saint Privat, meurt
subitement sans pouvoir réaliser son projet.
Plusieurs ermites
ont habité au fil des siècles les grottes ou vécu le saint. Deux grottes
naturelles sont aujourd’hui ouvertes au public, la plus haute des deux semblant
être celle où les Alamans auraient trouvé l'évêque des Gabales. La grotte accessible au public montre des
béquilles et autres prothèses, ainsi que des messages de remerciements au Saint
et à la Sainte Vierge.
Enrico
Pierosara
BIBLIOGRAPHIE
-
Grégoire
de Tours, Histoire des Francs
-
Gabalum
Christianum
-
Félix
Remize, Saint Privat, évêque du Gévaudan
-
Félix
Buffière, Ce tant rude Gévaudan
-
P.
Cubizolle, « Saint Privat de Mende : Premier évêque et martyr authentique :
Martyrologe hiéronymien »,
NOTE : Les
saints et bienheureux du diocèse de Mende : Saint Firmin • Saint Ilpide • Saint Privat •
Saint Frézal • Saint Véran • Saint Hilaire • Sainte Énimie • Saint Louvent •
Bienheureux pape Urbain V